Angiœdèmes bradykiniques médicamenteux : étude rétrospective à partir de la banque nationale de pharmacovigilance française - 02/12/14
Résumé |
Introduction |
Les angiœdèmes (AE) bradykiniques représentent un effet secondaire rare des médicaments. Ils ont essentiellement été attribués aux inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), avec une prévalence de 0,7 % dans la population caucasienne. D’autres traitements sont incriminés comme les antagonistes des récepteurs de l’angiotensine (ARA2). En France, tout effet secondaire rare doit être signalé à la banque nationale de pharmacovigilance qui dispose d’antennes dans chaque CHU français. Nous avons sollicité cette base de données afin d’analyser les caractéristiques cliniques et pronostiques des patients.
Patients et méthodes |
La base informatique nationale MedDRA a été interrogée à partir du mot clé « angiœdème ». Les patients étaient inclus s’ils réunissaient les critères cliniques d’AE bradykinique (AE isolé sans urticaire, durant au moins 12h, résistant aux anti-histaminiques), s’ils avaient eu un dosage pondéral du C1-inhibiteur normal et s’ils recevaient un IEC ou un ARA2.
Résultats |
La recherche a permis d’identifier 7998 cas d’AE entre 1994 et 2013. Parmi-eux, 438 patients réunissaient les critères d’AE bradykinique. Sur ces 438 patients, 112 avaient un taux de C1-inhibiteur normal. Il s’agissait de 69 hommes et 43 femmes, avec une moyenne d’âge 65ans. Le médicament imputable était un IEC dans 77 % des cas (88 patients). Celui-ci était associé à un autre traitement dans 17 cas (mTORi pour 3 patients, iDPP-4 pour 1 patient, traitement hormonal pour 7 patients). Dans 21 % des cas (24 patients) le traitement était un ARA-2. Une localisation ORL était retrouvée dans 90 % des cas (langue : 48,2 %, larynx : 23,2 %). La médiane d’apparition de la première crise était de 720jours, la durée moyenne des crises de 36,6h. X patients ont présenté une rechute après l’arrêt du traitement.
Conclusion |
Les AE bradykiniques médicamenteux sont rares mais potentiellement sévères avec dans cette étude une atteinte ORL retrouvée dans 90 % des cas. Face à une suspicion d’AE bradykinique, il ne faut pas manquer le diagnostic d’AE acquis ou héréditaire par déficit en C1Inh. Or seulement, 1 patient sur 4 avait eu un dosage du C1Inh ce qui est très peu. Cette étude sous-estime probablement le nombre de cas, car la déclaration à la pharmacovigilance n’est pas toujours faite par les médecins. La localisation ORL est par contre probablement sur estimée car les médecins sont plus enclins à déclarer les AE les plus sévères (avec atteinte ORL) que les autres localisations (périphériques peu sévères). Il est important de sensibiliser la communauté médicale à déclarer tous les AE afin d’obtenir le meilleur profil de cet effet secondaire.
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Vol 35 - N° S2
P. A64 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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